Dans la nature, un perroquet ne vit jamais dans ses fientes.
Il dort perché. Il se déplace. Il ne revient jamais dormir, jour après jour, au même endroit souillé. Et surtout, la nature se charge de nettoyer autour de lui : la pluie, le vent, les insectes, les micro-organismes… Rien ne reste stagnant. Son environnement est vivant, en mouvement, auto-nettoyant.
Mais chez nous, tout est figé.
L’oiseau dort au même endroit, mange sur les mêmes surfaces, utilise les mêmes perchoirs. Et s’il y a des fientes, il n’a pas le choix de vivre au-dessus, autour, ou dedans.
C’est notre rigueur, notre régularité, qui détermine la qualité de son air, de ses appuis, de sa santé.
Ce n’est pas une question d’esthétique.
C’est une question de prévention sanitaire.
Parce qu’une fiente qui sèche... c’est déjà un danger.
Une fiente qui sèche, c’est un danger invisible dès la première heure. Même une seule.
Dès qu’une fiente sèche, elle devient friable. Elle se brise, se mélange à la poussière de la maison, et devient invisible à l’œil… mais respirable.
Elle flotte dans l’air, pénètre les voies respiratoires, s’accumule dans les textiles, se redépose ailleurs.
Ces particules peuvent contenir :
Chlamydia psittaci – bactérie causant la psittacose, transmissible à l’humain (forme de pneumonie sévère).
Aspergillus – champignon provoquant des infections respiratoires souvent fatales chez les oiseaux, dangereux aussi pour les humains.
Cryptococcus, Histoplasma, Salmonella – autres agents pathogènes courants dans les fientes d’oiseaux.
Sources : CDC (2022), WHO Environmental Health Criteria, Oglesbee B.L. “Blackwell’s Five-Minute Veterinary Consult: Avian”
Et les risques, c’est pour qui ?
Pour l’oiseau, qui a un système respiratoire d’une extrême sensibilité.
Pour les enfants, qui passent du temps au sol et ont des poumons fragiles.
Pour les personnes asthmatiques, allergiques ou immunodéprimées.
Et pour toi, ta famille, tes invités… car ces particules se déplacent dans toute la maison.
Et non, ce n’est pas réservé aux gens qui ont 10 oiseaux ou une volière. Même une seule fiente séchée peut contaminer l’air d’une pièce entière.
Le faux confort des granules de bois ou toute autre matière qui camoufle les fientes.
Un mot important sur les granules de bois qu’on met parfois dans le fond des cages :
Elles donnent l’impression que tout est propre, que les fientes disparaissent.
Mais c’est trompeur.
Dès que les fientes tombent dans les granules, elles commencent à sécher.
Et quand on remue le tout — que ce soit pour « égaliser », ramasser ou nettoyer — on soulève dans l’air un nuage de particules sèches et contaminées.
Ce n’est pas parce qu’on ne voit plus les fientes qu’elles ne sont plus là. Au contraire, elles se décomposent plus discrètement… Mais libèrent autant de spores et de bactéries.
Ce qu’il faut, ce n’est pas un substrat qui cache la saleté.
C’est une méthode qui permet un nettoyage rapide, facile, visible, et surtout, quotidien.
Ce que je recommande toujours :
Utiliser du papier brun, du papier blanc, journaux (non l'encre n'est pas toxique) ou une surface lisse au fond de la cage ou de l’aire de jeu.
Changer le papier chaque jour.
Nettoyer les perchoirs et surfaces de contact au minimum une fois par jour, ou plus selon les besoins.
Aérer les pièces.
Et porter un masque si tu es sensible ou si tu brasses de la poussière.
Ce n’est pas une question d’être maniaque.
C’est une question de santé publique à petite échelle.
Parce que si ton oiseau respire ses fientes séchées, toi aussi.
Et si ton enfant, ton partenaire, ou un membre vulnérable de ta famille développe des symptômes respiratoires… Ce n’est pas toujours l’hiver ou le pollen qu’il faut accuser.
Nettoyer chaque jour, c’est offrir un environnement digne d’un animal intelligent, sensible, et captif.
Ce n’est pas un détail.
C’est le point de départ de son bien-être… Et du tien.
© Catherine Baribeau – Le Perroquet Informateur