On en voit de plus en plus.
Des gens qui affirment "sauver des animaux", qui se donnent le titre de refuge… mais qui, en parallèle, élèvent et vendent des oiseaux. Pourquoi ? Pour couvrir les dépenses, dit-on.
Mais à quel point c’est ironique. Peut-on réellement concilier le sauvetage et l’élevage à but lucratif ? Est-ce vraiment une démarche morale ? Personnellement, je ne le crois pas.
Selon le Code de pratiques pour les refuges au Canada (2010) et plusieurs associations de protection animale :
« Un refuge est un établissement sans but lucratif dont la mission principale est de recueillir, soigner, réhabiliter et replacer des animaux domestiques ou exotiques abandonnés, négligés ou saisis. Les animaux ne doivent pas y être reproduits ni vendus dans un but commercial. »
Un refuge, selon les lignes directrices reconnues au Canada, est un organisme sans but lucratif dont la mission est d’accueillir, soigner, réhabiliter et replacer des animaux abandonnés, négligés ou saisis. Ces animaux ne sont pas destinés à la reproduction ni à la vente. Leur bien-être est la priorité absolue, et toute démarche commerciale est normalement exclue de ce cadre.
Un refuge responsable agit comme un filet de sécurité pour des individus vulnérables. Il travaille à réduire la souffrance et la surpopulation — jamais à y contribuer.
L’élevage, en éthologie et en biologie animale, est défini comme :
« L’ensemble des pratiques visant à faire reproduire des animaux afin de maintenir ou de développer une population spécifique, généralement à des fins commerciales, génétiques ou de conservation. »
Un élevage commercial de perroquets consiste à :
Provoquer et contrôler la reproduction
Gérer la sélection génétique (souvent non éthique dans le monde aviaire)
Vendre les jeunes à des particuliers
Même si certains éleveurs disent "choisir les familles", l’objectif demeure : produire pour vendre.
L’élevage, lui, repose sur des bases très différentes. Il s’agit d’une activité humaine visant à faire se reproduire des animaux dans un but précis — souvent économique ou génétique. Dans le cas des perroquets, cela signifie contrôler leur reproduction pour produire des oisillons qui seront ensuite vendus à des particuliers.
Même lorsqu’on affirme "choisir les familles", le fait demeure : il s’agit d’une production animale destinée à la vente. Et donc, d’une activité qui alimente la demande, qui encourage la captivité, et qui contribue, directement ou non, à la problématique de surpopulation aviaire.
Mais quelle contradiction!
Est-ce qu’on peut vraiment faire les deux en même temps ? Peut-on prétendre sauver des perroquets tout en contribuant à ce marché qui les met en danger ?
Comment peut-on se dire dévoué au bien-être des oiseaux, tout en les reproduisant pour en faire des biens de consommation ?
Selon moi, la réponse est simple : non. Cette double identité est une contradiction profonde.
L’argument souvent avancé, c’est celui du financement : "Je fais de l’élevage pour pouvoir soigner les autres."
Mais à quoi bon sauver un individu si, en parallèle, on en met d’autres au monde, avec les mêmes risques de souffrance, d’abandon et de maltraitance ?
Un vrai refuge, un refuge intègre, cherche des moyens de financement éthiques. Campagnes de dons, services éducatifs, objets artisanaux, parrainage, etc. Il y a des options. Elles demandent plus d’efforts, c’est vrai, mais elles sont cohérentes avec la mission.
Le milieu des perroquets est souvent dépourvu de cadre clair. Chacun y va de sa propre interprétation, de ses méthodes, sans trop de redevabilité. Le problème, c’est qu’en l’absence de lignes directrices communes, tout finit par se justifier. On voit tout, et surtout n’importe quoi.
Mais nous, en tant qu’observateurs, en tant que communauté, on a un rôle à jouer. Celui de ne pas cautionner des pratiques douteuses sous prétexte qu’elles sont populaires, bien présentées ou émouvantes.
On peut choisir ce qu’on encourage. Ce qu’on normalise.
RÉELLEMENT.....
Est-ce qu’une personne qui se dit engagée dans le sauvetage peut, en toute éthique, faire de l’élevage en parallèle ?
Franchement, pour moi, non. Moralement, ça ne fait aucun sens.
Et si quelqu’un choisit de le faire quand même, j’espère au minimum qu’il assume sa part de responsabilité dans le cycle qu’il alimente. Qu’il choisit vraiment les familles avec rigueur. Qu’il effectue un suivi post-adoption. Qu’il comprend les conséquences à long terme de chaque vente.
Parce que sinon, on prétend sauver d’une main, tout en jetant dans la gueule du loup de l’autre.
Il est temps d’arrêter d’appeler "sauvetage" ce qui est en réalité une entreprise de reproduction déguisée.
Ce texte ne changera pas le monde et probablement rien, mais quand allons-nous cesser d'accepter et de soutenir l'innacceptable ?
Il est temps de remettre les oiseaux au cœur de nos décisions, pas notre portefeuille.
Un perroquet ne devrait jamais être un outil de financement, ni une justification pour alimenter un système qui cause tant de souffrance.
© Catherine Baribeau – Le Perroquet Informateur