Quand un perroquet attaque, la première chose à faire n’est pas de chercher comment le « faire arrêter ». C’est de comprendre pourquoi il agit ainsi.
Et surtout, si un conseil qu’on vous donne semble penser d’abord au confort de l’humain plutôt qu’au bien-être de l’oiseau, posez-vous de sérieuses questions.
C’est l’humain qui choisit de vivre avec un perroquet, pas l’inverse. Le perroquet n’a rien demandé. Alors son bien-être, son intégrité physique et émotionnelle, doivent passer avant notre ego ou notre confort.
Ø Lancer une serviette sur un oiseau
Cette technique est encore utilisée sous prétexte de « protection ». En réalité, c’est une méthode archaïque, brutale et traumatisante.
Un perroquet n’oublie pas une attaque. Associer un tissu à un moment de panique grave peut entraîner :
des réactions de peur incontrôlables,
des comportements d’évitement ou d’agressivité persistants,
une perte totale de confiance.
Et quand, un jour, vous aurez réellement besoin de faire une contention, par exemple pour une visite vétérinaire ou une urgence médicale, vous serez face à un oiseau paniqué, ingérable, voire en détresse respiratoire.
On ne gagne jamais à éduquer dans la peur. Jamais.
Le Dr. Susan Friedman (psychologue comportementaliste, Utah State University) dénonce ce genre d’approche coercitive qui, loin de régler le problème, provoque peur, méfiance et stress chronique chez l’oiseau.
(Sources : Dr. Susan Friedman – « Living and Learning with Animals » ; Barbara Heidenreich – Avian Handling and Restraint)
Ø Enfermer l’oiseau dans sa cage en guise de punition
La cage est censée être un lieu sécurisant, pas une cellule de punition. L’utiliser comme sanction, c’est créer un malaise profond face à son espace de repos, et souvent empirer les comportements problématiques.
Ø Donner des « tapes » sur le bec
Ce geste on l’a vue récemment sur les réseaux – trop souvent banalisé – est une forme de violence. Il n’enseigne rien, sauf la peur.
Ce n’est ni éducatif, ni acceptable.
Ø Crier contre l’oiseau
Crier ne fait qu’amplifier le stress ou la confusion.
Et surtout, ça n’a aucune valeur éducative dans le langage d’un oiseau. C’est une escalade émotionnelle… et une perte de contrôle de notre part.
1. Observer et comprendre
Chaque comportement a une cause. Ce n’est jamais gratuit.
Souvent, la cause est invisible : douleur, anxiété, surstimulation, hormones, ennui…
Observer, prendre des notes, comparer, poser des hypothèses : voilà la base d’un vrai travail de compréhension.
2. Renforcement positif
Plutôt que de punir ce qu’on ne veut pas, on encourage ce qu’on veut voir plus souvent.
Cette méthode douce et efficace est soutenue par les experts du comportement animal, car elle favorise l’apprentissage dans la sécurité et la confiance.
3. Répondre à ses besoins fondamentaux
Manque de vol, de contacts aviaires, de stimulation, de contrôle sur son environnement : tout cela peut générer de la frustration.
Et la frustration chronique devient tôt ou tard un problème de comportement.
4. Respecter l’individualité
Chaque perroquet a sa propre histoire. Ce qui fonctionne pour l’un peut être néfaste pour l’autre.
Un bon accompagnement comportemental prend en compte l’individu, son vécu, son environnement, ses peurs, son niveau de tolérance et ses préférences.
Un bon comportementaliste ne vous donne pas une solution magique en 5 minutes. Il prend le temps :
de récolter de l’information,
d’observer votre oiseau dans son environnement,
d’analyser les causes,
et de construire un plan d’intervention adapté.
Et oui, ça a un coût. Mais c’est la réalité quand on choisit de vivre avec une espèce aussi complexe que les perroquets.
Pour finir…
Je sais que ce n’est pas facile de se faire attaquer ou mordre par un oiseau. C’est choquant, ça fait mal, ça frustre.
Mais on ne construit pas une relation solide en répondant par la peur ou la répression.
En prenant le temps d’observer avec attention, de chercher les causes profondes et de respecter le rythme de l’oiseau, on pose les bases d’une relation saine pour les 20, 30 prochaines années.
Des décennies de cohabitation, de confiance et de communication, ça se mérite. Et ça se bâtit avec patience et cohérence.
À l’inverse, les méthodes non adaptées à l’individu ne font qu’aggraver les frustrations, ce qui nuira immanquablement à la qualité de la relation, et à la stabilité de l’oiseau sur le long terme.
© Catherine Baribeau – Le Perroquet Informateur