En Amérique du Nord, on a une drôle de mentalité : chaque animal semble exister pour combler un besoin humain. Besoin de câliner, de se sentir aimé, de ne pas être seul. Alors on transforme tout en pet animal, même ce qui ne devrait jamais l’être.
Mais un perroquet, même s’il sort d’un petit œuf mignon, n’est pas un animal domestique. Il est tout l’opposé.
L’idée d’avoir un animal pour notre simple plaisir remonte aux élites européennes et nord-américaines des siècles passés. D’abord un symbole de richesse, l’animal est vite devenu un compagnon par défaut, à enfermer dans un salon, à dresser, à manipuler pour “notre bien-être”. Et c’est ainsi qu’on a fini par croire que tous les animaux sont faits pour vivre avec nous.
Mais un perroquet, lui, vient du monde sauvage. Il est grégaire, intelligent, sensible. Il vit, selon l’espèce, en groupes de plusieurs dizaines voire centaines d’individus.
Les aras bleus et or vivent en grands groupes dans la canopée
Les inséparables dorment en grappe
Les conures à joues vertes passent leur journée à interagir activement entre elles
Alors pourquoi ce réflexe absurde :
Je ne veux pas laisser mes oiseaux dans une pièce, c’est triste pour eux, ils ne me verront pas…
Faux.
Ce n’est pas triste pour eux. Ce qui est triste, c’est de vivre sans congénère, dans une cage, en solo.
Les perroquets n’ont pas besoin de l’humain pour être comblés. Leur premier besoin, c’est un congénère de la même espèce.
Aucun humain ne s’est encore transformé en perroquet. Et comme le dit si bien Johanne Vaillancourt :
Vous ne dormez pas sur une branche à côté de lui la nuit, que je sache.
Alors pourquoi croire qu’on est indispensables pour eux ?
Parce qu’on est dans une société centrée sur l’humain, incapable de se décentrer pour respecter l’animal tel qu’il est.
Pensez-y :
Un oiseau entouré de congénères, dans une pièce enrichie, libre de voler, de vocaliser, d’interagir... est-il plus triste que seul dans une cage dans le salon, mais avec “votre amour” ?
C’est votre besoin que vous comblez. Pas le sien.
Plus je m’informe, plus je réalise à quel point leur mentalité est avancée sur la question du bien-être animal.
Ils construisent des pièces et des volières intérieures, adaptent leur habitat en fonction de leurs oiseaux, et attendent d’être prêts avant d’adopter.
Prenons exemple sur Laurine Denoël, qui a mis des mois voire même des années à tout préparer avant d’accueillir ses oiseaux. Pas d’improvisation, pas de cage dans le salon, un environnement hyper adapté et enrichissant pour eux.
Aujourd’hui, même si je n’ai pas la possibilité de leur offrir une pièce dédiée, j’ai au moins agrandi leur cage au maximum. Ceux qui sont déjà venus chez moi vous le diront : mes cages sont ÉNORMES.
Et pour répondre à leurs besoins, j’ai aussi accepté de vivre dans une volière avec eux. Ça veut dire : des bris, du ménage, beaucoup d’enrichissement, des cris, et la nécessité de tout protéger pour leur sécurité.
Mais vous savez quoi ?
Mon environnement est propre.
C’est énormément de temps, de sacrifices et d’énergie…
Mais je ne changerais ma vie pour rien au monde.
Et vous qui croyez qu’un perroquet SEUL dans votre salon sera heureux…
Détrompez-vous.
Vous répondez à vos propres besoins. Pas aux siens.
Il y a des exceptions. Des oiseaux imprégnés, dépendants de l’humain, souvent très persistants. On ne les ignore pas. Mais ce sont des exceptions, pas la norme.
© Catherine Baribeau – Le Perroquet Informateur