Je le dis souvent à la blague, mais c’est de plus en plus vrai : dans le monde des perroquets, on voit beaucoup de *bienveillance* mais peu d’humilité.
D’abord, remettons les choses en contexte : au Québec, il n’existe pratiquement pas de formation professionnelle reconnue dans le domaine aviaire.
La seule formation formelle, c’est celle de Johanne Vaillancourt (environ 100 heures), et même là, elle ne donne pas d’unités de formation continue (UFC).
Et pour les vétérinaires? Ce n’est pas simple non plus. Pour être reconnu comme vétérinaire aviaire, le parcours est complexe et exigeant. Voici un aperçu :
Cours spécialisés à l’Université de Montréal en médecine zoologique aviaire (MEV 4446)
Stages pratiques en pathologie aviaire
Résidences spécialisées en médecine zoologique
Certification par l’ABVP (American Board of Veterinary Practitioners)
Formation continue et adhésion à des associations comme l’AAV (Association of Avian Veterinarians)
Autrement dit, ce n’est pas quelque chose qu’on improvise.
Du côté du comportement, on voit aussi très peu de formations officiellement reconnues. Il y a bien la certification Certified Professional Bird Trainer – Knowledge Assessed (IAATCB), offerte aux États-Unis, mais elle est rare dans la francophonie. Peut-être qu’il en existe d’autres, mais elles sont peu accessibles ou peu connues.
Alors, soyons honnêtes : les "comportementalistes" sont-ils réellement formés pour l’être? On peut en débattre longtemps.
Ce qui m’attriste, c’est que malgré ce manque flagrant de formations solides, le milieu est souvent miné par les conflits, les débats sans fin… et surtout, les égos.
Oui, les fameux égos.
Petit oiseau, gros égo, comme je disais!
Comment peut-on affirmer détenir la vérité absolue, quand le savoir lui-même est encore en construction? Quand même les vétérinaires spécialisés remettent constamment leurs connaissances en question?
Ces derniers temps, les débats les plus houleux tournent autour de l’alimentation.
Mais il ne s’agit là que d’un exemple parmi tant d'autres.
L’alimentation aviaire, c’est vaste, complexe, et encore aujourd’hui en pleine exploration. On a peu d’informations vraiment complètes sur les besoins réels des perroquets. Et comme si ce n’était pas déjà assez compliqué, c’est aussi profondément influencé par le contexte géographique et culturel.
Ce qui fonctionne ici ne fonctionne pas forcément ailleurs. Ce qui est possible au Québec ne l’est pas en Europe, et vice-versa.
Bref : c’est un sujet chiant, et on n’a pas fini d’en parler.
Alors pourquoi certains se sentent-ils obligés d’avoir raison à tout prix?
Je le répète : avoir tort, ça fait partie de l’apprentissage.
Remettre en question ses croyances, c’est noble.
Accepter qu’on ne détient pas toute la vérité, c’est profondément humain.
Et dans un domaine où même les vétérinaires aviaires sont aussi rares que... de la marde de pape (oui, je l’ai dit ), pourquoi ne pas faire preuve d’un peu plus d’humilité et d’écoute?
Je ne dis pas de ne pas faire confiance aux professionnels reconnus — loin de là!
Et je ne remets pas en question les compétences de ceux qui s’impliquent avec cœur et dévouement.
Ce que je souhaite souligner, c’est qu’on gagne tous à faire preuve de nuance.
Dans un domaine où la formation professionnelle est encore peu accessible, l’expérience de terrain devient souvent la principale source d’apprentissage.
Et cette expérience, quand elle est bien ancrée dans l’observation, l’humilité et la remise en question, vaut énormément.
L’expérience a-t-elle ses limites?
À quel moment devient-elle une certitude qu’on ne questionne plus?
Je crois qu’on peut, et qu’on doit, faire mieux en tant que communauté.
Rester curieux, nuancés, ouverts, et se rappeler qu’on est tous là pour une seule et même chose : le bien-être de nos oiseaux.
© Catherine Baribeau – Le Perroquet Informateur