Imposant, émotif et extraordinairement bruyant, le cacatoès des Moluques fascine par sa beauté autant qu’il interpelle par sa fragilité émotionnelle.
Le cacatoès des Moluques est endémique à un petit groupe d’îles indonésiennes : les îles Seram, Saparua et Haruku, situées dans les Moluques centrales. Il habite principalement les forêts tropicales humides de basse altitude, mais on peut aussi le retrouver dans des zones boisées secondaires et les plantations, jusqu’à 1000 m d’altitude.
Ce cacatoès appartient à la famille des Cacatuidae, un groupe distinct des autres perroquets (notamment africains et sud-américains) depuis environ 40 millions d’années. Cacatua moluccensis est l’un des plus grands représentants du genre Cacatua, aux côtés du cacatoès à huppe jaune.
Omnivore opportuniste, le cacatoès des Moluques se nourrit de :
Fruits tropicaux (durian, figues, mangues),
Graines et noix,
Fleurs, bourgeons,
Insectes et larves,
Et parfois d’écorce et de petits invertébrés.
Il joue un rôle écologique important dans la dispersion des graines, notamment de certaines espèces à coques très dures qu’il est capable de briser.
Oiseau très social, il vit en petits groupes familiaux (souvent les deux parents et leurs jeunes) ou en troupes d’une dizaine d’individus. C’est un des cacatoès les plus vocalement actifs : il communique par de puissants cris stridents qui résonnent dans la canopée. Son cri peut atteindre jusqu’à 135 décibels, ce qui en fait l’un des oiseaux les plus bruyants au monde.
Il est très démonstratif : déploie sa huppe rose pour impressionner, séduire ou avertir, et exprime visiblement ses émotions.
Monogame, le couple forme des liens très forts, parfois pour la vie. La reproduction se produit durant la saison sèche (de juillet à septembre). Le nid est creusé dans une cavité naturelle d’arbre. La femelle pond 2 à 3 œufs, incubés par les deux parents pendant environ 28 jours.
Les jeunes restent au nid jusqu’à 12 semaines, puis encore dépendants après l’envol. Il est fréquent de ne voir qu’un seul juvénile survivre jusqu’à l’âge adulte.
Très intelligent, le cacatoès des Moluques peut :
Résoudre des puzzles,
Imiter des voix humaines et des sons environnementaux,
Reconnaître les routines,
Et créer des interactions intentionnelles avec les humains.
Mais cette intelligence s’accompagne d’une extrême sensibilité émotionnelle. En captivité, s’il est isolé, stressé ou privé de stimulation, il développe des troubles graves :
Arrachage de plumes compulsif,
Auto-mutilation,
Crises de panique,
Agressivité explosive.
L’espèce est classée En danger par l’UICN. Elle a subi une chute de plus de 75 % de sa population en 40 ans en raison de :
La déforestation massive dans les Moluques,
Le braconnage pour le commerce d’animaux exotiques,
Et la faible capacité de reproduction.
Depuis 2007, le commerce international est restreint (CITES Annexe I), mais les captures illégales persistent.
En captivité
Malgré son apparence spectaculaire et son tempérament affectueux, c’est l’un des perroquets les plus difficiles à maintenir en captivité. Il nécessite :
Un espace très vaste, idéalement une volière extérieure,
Une présence quasi constante,
Un encadrement spécialisé,
Et un environnement où il peut exprimer ses comportements naturels (broyer, vocaliser, explorer, interagir).
Beaucoup de cacatoès des Moluques abandonnés développent des troubles irréversibles, même avec un environnement de qualité. Il n’est pas recommandé comme animal de compagnie.
Le cri du cacatoès des Moluques est aussi fort qu’un avion à 100 mètres (135 dB), ce qui peut provoquer des lésions auditives humaines sans protection.
Certains individus en captivité ont été observés en train de fabriquer des “instruments” de percussion à partir de morceaux de bois, qu’ils frappent contre des surfaces en rythme, dans ce qui semble être une forme de comportement ludique musical.
© Catherine Baribeau – Le Perroquet Informateur